Michel Nedjar "Intimités"

Du 24 avril au 31 mai 2008

Depuis 30 ans, Michel Nedjar extirpe des bouts d’âme de morceaux de chiffons, d’objets oubliés, de rebuts d’humanité, qu’il fait revivre dans des poupées, trempées dans un bain rituel pour accomplir avec lui cette renaissance. Peintre, il fait surgir d’un corps à corps avec pigments et goudrons des silhouettes d’une puissance, d’une présence peu communes… Il a contribué également au cinéma expérimental des années 1970-1980.
Ses œuvres figurent aussi bien dans la collection de l’Art Brut de Lausanne qu’au centre Georges Pompidou. Son exposition à la galerie Polad-Hardouin, du 24 avril au 31 mai, permettra de découvrir son œuvre d’un point de vue essentiel : l’intimité.

L’atelier de Michel Nedjar ressemble à un énorme ventre qui contiendrait un peuple de poupées, mais aussi toutes les graines – objets collectés ici ou là, bouts de fil, morceaux de tissu (le fameux schmattes) – qui serviront un jour, peut-être, à en fabriquer d’autres…

C’est entouré de l’univers qu’il s’est fabriqué que Michel Nedjar crée dessins, peintures et poupées. Pourrait-il en être autrement ? Sûrement pas : il est de ceux qui savent que c’est de l’intimité seule que naissent les œuvres. « Mon atelier est devenu une œuvre », constate Michel Nedjar.
Évidemment, pour bien faire comprendre la gestation accomplie pour chaque création, l’idéal, pour une exposition, serait de recréer l’atelier de Michel.
C’est, bien entendu, impossible… Mais !

“Lorsque Dominique Polad-Hardouin m’a parlé de ce projet d’exposition, de ce lien à établir avec l’atelier, j’ai pensé qu’il m’était possible de recréer des petits mondes intimes, de les (re)composer.”
D’où l’idée d’inventer des vitrines, qui seront autant de morceaux de l’atelier, des réceptacles de cette intimité.

“J’y mettrai mes poupées vaudous, ou cette poupée-baigneur couverte d’ex-votos. J’y mettrai mes fétiches. L’une d’elles sera composée uniquement de poupées de voyages, réalisées avec les objets que j’ai collectés : ce sont mes carnets de voyages…”
Pour Michel Nedjar, qui conserve en mémoire les merveilleuses vitrines du musée de l’Homme, “la vitrine impose une forme de respect pour les objets anthropologiques qu’elle abrite. Grâce à elle, chaque objet prend une dimension sacrée.”

Ainsi, Michel Nedjar offrira aux visiteurs des parcelles de son intimité. Il y aura aussi des poupées anciennes, teintes après un bain d’ingrédients dont il garde le secret, et qui sont maintenant connues dans le monde entier. On verra également des poupées nouvelles, ces poupées furent créées à l’occasion de l’exposition au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme à Paris en 2004 pour la fête juive de Pourim. Avec cette série de poupées cousues, Michel Nedjar avoue qu’il a effectué avec bonheur un retour au métier de tailleur, qui fut celui de son père et le sien. Ces poupées ne sont plus teintes comme autrefois, mais elles sont composées d’une infinité de morceaux de tissus assemblés. Le corps de ces nouvelles poupées est nourries des objets hétéroclites rassemblés au fil du temps et des voyages par Michel.
On sent à travers elles que la douleur ancienne s’atténue, il souhaite maintenant exprimer le métier retrouvé et souligner la suture de la blessure ancienne.

Michel Nedjar exposera également des dessins et des peintures.