Wu Xiaohai a choisi de s’exprimer avec la technique ancienne du dessin au fusain sur papier. C’est un challenge minimaliste relevé par un artiste initié aux Beaux-Arts de Beijing à la peinture murale, et capable de s’exprimer sur de très grands formats... Armé d’un simple fusain, ce jeune artiste chinois pose la question du réel d’une manière toute personnelle. Et joue à merveille du décalage.

Wu Xiaohai exprime avec un minimum de moyens, sa vision de l’univers. De dessin en dessin, il semble construire un puzzle, qui serait en fait une sorte de portrait de l’humanité : une mémoire collective ou un message pour demain... 

Les scènes, souvent morcelées, sont parlantes. Plus exactement, elles sont pleines d’une narration sur le point de s’accomplir... C’est à notre regard d’établir le lien qui donnera son fil à l’histoire... si elle existe ! Ces deux enfants qui reviennent dans nombre de ses dessins semblent condamnés à vivre une saynète interrompue, d’un dessin à l’autre, et parfois, à l’intérieur du dessin lui-même. Ce décalage permanent est une manière d’interroger le réel, au travers de la réalité chinoise telle qu’il la perçoit.

Sur le papier, Wu Xiaohai inscrit des traces de mémoire ou des bribes de devenir. Qui sait ? Est-ce que ces personnages décapités ont été exécutés devant ses yeux ? Et tous ces enfants rassemblés dans une petite valise, qui sont-ils ? Des migrants ou la promesse d’un « bagage » humain lourd de promesses ?                                              Jouant de la disproportion, à la manière des surréalistes, l’artiste démontre que ce qui est loin peut être près et que ce qui est proche peut être lointain. Haricot gigantesque, porc immense, hommes lilliputiens, il nous donne à penser... selon le regard que nous leur portons.

Montré en France depuis peu, le travail de Wu Xiaohai a déjà été remarqué par Beaux-Arts magazine qui l’a élu comme l’un des dix artistes prometteurs de l’année. (Beaux Arts magazine 296-02/2009, p.46-57 « 10 jeunes artistes pour demain »).