Andrew Gilbert, Les maîtres fous, starring Andrew and Emil Nolde

Du 03 au 21 septembre 2013

Vernissage le jeudi 25 avril à partir de 18 heures

As the Drumsbeat, they painted Flowers
As Natives heads were hacked, they sketched Masks Shocking and Savage
Erotic and Wild
On the First day God created Europe, and then he created Darkness...


Andrew Gilbert

La Reine Victoria, Shaka Zulu en messie dictateur, Jésus, Macbeth, le Mad Mullah de Somalie et Emil Nolde sont au rendez-vous pour la prochaine exposition d’Andrew Gilbert à la galerie. Dans ses dessins, il rejoue les épisodes de l’histoire coloniale européenne, et sa débauche d’agressions envers les populations locales. Partant de faits précis, il se met en scène dans cette Histoire qui emprunte des détours fantaisistes, farceurs et anachroniques.

Cette exposition est placée sous le signe des Maîtres Fous (1955), un documentaire de Jean Rouch qu’Andrew Gilbert a vu alors qu’il réalisait cette nouvelle série. Le film dévoile le rituel de possession religieuse d’une secte du Niger où les membres qui la composent, coiffés de casques coloniaux et armés de fusils de bois, incarnent dans un simulacre violent, des personnages de la hiérarchie britannique dominante. Cette démarche cathartique qui passe par le travestissement, rejoint celle de l’artiste qui dans un jeu de rôle burlesque prend tour à tour l’apparence d’une reine européenne, d’un chef zoulou ou d’un soldat de l’armée.

Andrew Gilbert revient cette fois d’Afrique où, avec son compagnon de voyage Emil Nolde, ils ont été les témoins de la brutalité extrême et de la sauvagerie perpétrées par les puissances européennes d’Angleterre et d’Allemagne. Les voici tous deux en oiseaux, vêtus de costumes militaires, peignant ou buvant du thé au milieu de scènes de massacre. Dans European Flowers, des fleurs arrangées dans un vase évoquent l’idée européenne d’une nature civilisée et contrôlée, mais un visage sanglant punaisé les font basculer du côté de la barbarie. On retrouve Andrew et Nolde en miniature ; il peignent ces fleurs, mais ils n’y voient que de violents masques africains. Aux antipodes d’un exotisme édénique, ils sont loin du voyage vers le Pacifique que le peintre allemand effectua en 1913 sur les traces de Paul Gauguin.

Réalisés avec un mélange d’acrylique, d’encre et de crayon, les dessins d’Andrew Gilbert possèdent une force de suggestion certaine. Sa manière a d’ailleurs évolué vers un traitement plus en matière, l’acrylique prenant le pas sur le crayon, la couleur sur le trait. Des phrases, comme des incantations couvrent la feuille lacérée au cutter à la manière de scarifications. L’art africain est une source d’inspiration formelle qui passe par le prisme de l’expressionnisme allemand ; Emil Nolde en est une des figures. Dans Trophies of the Savages, Gilbert revisite la célèbre peinture de 1911, Nature morte aux masques. Les masques deviennent des têtes coupées rappelant les décapitations commises par les Allemands en Namibie lors du génocide contre les Hereros et les Namaquas (1904-1911). Gilbert s’est aussi beaucoup imprégné des représentations cinématographiques et littéraires de l’histoire coloniale, qu’il reprend dans son oeuvre en détournant des affiches de cinéma ou de cabaret.

Né à Edimbourg en 1980, Andrew Gilbert suit les cours de la la Fine-Art University of Edinburgh et du Edinburgh College of Art de 1997 à 2002. De nombreuses expositions personnelles ont été organisées à travers l’Europe, en particulier à Prague, Hambourg, Berlin, Amsterdam et Paris. Il vit et travaille entre Berlin et Prague depuis 2002.