Ayako David-Kawauchi / Caroline Demangel / Daphné Chevallereau

Du 13 mars au 26 avril 2014

Vernissage le jeudi 13 mars à partir de 18 heures

A l’occasion de la saison du dessin à Paris, la galerie Polad-Hardouin présentera une sélection d’œuvres récentes d’Ayako David-Kawauchi, Caroline Demangel et Daphné Chevallereau. Conçues comme trois expositions personnelles, un espace sera dévolu à chacune d’entre elles afin de mette en valeur leur singularité.

Ayako-David Kawauchi - Livre à vivre (espace 1)

“Livre à vivre”, c’est ainsi que l’artiste japonaise Ayako David-Kawauchi intitule la série de dessins présentés. Résidant en France depuis plus de vingt-cinq ans, elle joue de sa double culture, et sur les mots. En japonais, il n’y a pas de différence entre le B et le V, ni entre le L et le R. L’inversion phonétique fait ainsi apparaître les mots Libre et Bible. Sous les auspices de ces quatre mots, ses dessins se veulent avant tout une célébration de la vie, dont il faut apprécier les instants fugaces.

Depuis quelque temps en effet, Kawauchi est allée chercher dans le Livre certains de ses personnages (Marie-Madeleine en particulier), de ses récits emblématiques (La Cène), qu’elle réinterprète au travers de ses modèles, chacun incarnant une facette de la vie et de ses ambivalences. Réalisé avec un mélange de fusain, de pierre noire et de gesso, son dessin s’inscrit avec sobriété dans l’espace blanc de la feuille de papier. Des visages sereins, des fragments de corps aux semblants d’inachevé la peuplent et invitent à méditer sur le caractère universel de certains épisodes bibliques. Des portraits d’enfants et d’adolescents aux yeux mi-clos viennent en contrepoint de cette série célébrer - à leur manière - les promesses d’une existence en pleine éclosion.

Ayako David-Kawauchi est née au Japon, à Ehimé. Après une formation en arts plastiques et design à Tokyo, elle suit les cours de l’ENSAD à Paris où elle vit et travaille. Elle débute sa carrière en tant que designer textile, puis s’oriente progressivement vers le dessin auquel elle se consacre entièrement depuis 2005. Elle expose régulièrement en France (galerie Plume, galerie GNG, galerie Christine Phal, Paris, salon Drawing Now Paris) et à l’étranger (Galerie C, Neuchâtel, Ultra 2, Tokyo Art Fair). Il s’agit de sa troisième exposition à la galerie Polad-Hardouin, qui la représente depuis 2012.

Caroline Demangel - Souffle (espace 1)

Autodidacte, le dessin est arrivé dans la vie de Caroline Demangel comme ces rencontres soudaines et évidentes. « Pendant les mois qui ont suivi, écrit-elle, je n'ai eu de cesse de m'isoler pour produire des visions que je n'imaginais pas la seconde d'avant. {...} C'est ce travail de déroulement, d'éclosion de quelque chose d'enfoui que j'explore encore. »

Les mouvements circulaires du crayon, bousculés par les traits à la fois énergiques et fragiles du pastel, font surgir des personnages aux multiples facettes où s’entrechoquent des émotions violentes et contradictoires. Le dédoublement, la superposition, la rature et les aplats forment les éléments de sa syntaxe. Dans ces dessins foisonnants et colorés, les signes et les mots font partie intégrante de la composition, et viennent crier avec force les pulsions de la colère, de l’angoisse et du désir.

Née en 1982, Caroline Demangel expose ses dessins depuis quelques années d'abord chez Christophe Gaillard à Paris et principalement à Lyon à la galerie Chartier. Elle est représentée par la galerie Polad-Hardouin depuis 2012.

Daphné Chevallereau - Terre de lune (espace 2)

Comme si ce prénom, tout droit sorti des récits d’Ovide, contenait déjà l’univers de celle qui le porte, les dessins de Daphné Chevallereau sont placés sous les signes de l’amour et des métamorphoses. “Dans mes dessins, des images récurrentes se déversent telle un cascade issue d’une seule source : celle de l’amour. En effet, dessiner ou peindre est un acte d’amour”, écrit-elle. Amour charnel et spirituel fusionnent dans des paysages énigmatiques, sous le regard d’astres inquiets.

Les personnages, qui peuplent ses dessins, irradient autour d’eux les émotions qui les traversent. Dans une oeuvre réalisée sur quatre feuilles accolées, un homme au sexe dressé et une femme - dont on aperçoit seulement la chevelure et la langue - sont baignés dans la lumière d’un ciel changeant. Ce ciel à la fois rougeoyant et froid semble refléter les ambiguïtés de leur liaison. Un hibou, un masque de diable, un serpent versicolore et une jeune fille suspendue par les pieds ajoutent du mystère à la scène. Un autre leitmotiv parcourant ses dessins est la main : celle qui enlace, étreint et parfois étrangle. L’utilisation de la technique du monotype crée une incursion de l’accident dans un dessin très maîtrisé où le sec et l’humide cohabitent. L’encre typographique, l’aquarelle et la gouache confrontées aux pastels secs et gras créent une dynamique picturale heurtée qui accompagne le mouvement de ces mondes aux sens multiples.

Née en 1988 à Nîmes, Daphné Chevallereau est diplômée de l’école nationale supérieure de Bourges. En 2013, sélectionnée pour le 17ème prix Marin, elle présente un vaste dessin composé de plusieurs feuillets. Depuis 2009, elle a participé à cinq expositions collectives à la galerie Polad-Hardouin. Elle signe ici sa première exposition personnelle avec le soutien du CNAP aide à la première exposition.