Christine Sefolosha "Nocturnes"

Du 02 avril au 31 mai 2003

Née en 1955 à Montreux (Suisse), Christine Sefolosha est issue d’une grande famille d’origine allemande à la grand-mère fantasque et romanesque. Enfant, sujette aux insomnies, elle trouve refuge dans le dessin.

À l’âge de vingt ans, elle épouse un Sud-Africain et part habiter le « felt » de Johannesburg. Travaillant régulièrement le dessin et la peinture, elle décide de rompre avec cette vie aisée et hypocrite, et va habiter (en 1982) dans le quartier de Kensington (quartier pauvre de Johannesburg) avec un musicien noir. Du fait des lois de l’apartheid, elle rentre en Suisse en 1983 où elle s’installe définitivement.
En 1986, elle suit, durant quelques mois, des cours académiques à l’Art Center College de la Tour de Peilz, mais c’est le chemin parcouru pendant ces huit années (1975-1983) en Afrique qui aura fortement marqué son écriture.


« (C’est) une expérience qui ne vous lâche pas et qui m’a donné envie de traduire (…) ce qui est en sursis, éphémère, aléatoire dans l’existence. »
Ses premiers travaux portent donc l’empreinte de son séjour africain : elle les dénomme des « terres ». Ainsi des êtres menaçants — véritables animaux primitifs — émergent des pigments naturels et de la terre qu’elle broye, malaxe et étale avec les mains sur de grands supports (toile ou carton).
Quelque temps plus tard, le bestiaire va envahir exclusivement de longues feuilles de papier kraft et là, c’est un mélange de goudron et d’huile qui sera utilisé. Sur ces fonds chauds et mats, se découpent des animaux qui évoquent les peintures rupestres des cavernes préhistoriques.
Depuis deux ans, l’univers onirique dans lequel Christine Sefolosha recherche ses images va se transformer. Le retour en Suisse, les sources germaniques (peut-être ?) la conduisent vers une transparence plus diaphane : les supports et les techniques utilisés sont aussi fragiles que les rêves évoqués.
L’encre ou l’aquarelle se répandent sur un papier aussi fin qu’une « pelure d’oignon » ou sur des papiers Japon. Elle laisse libre cours aux aléas des coulures, des recouvrements et des dissolutions. On entre dans un monde de la nuit, mystérieux, envoûtant, froid, bien loin de la touffeur et des couleurs africaines.
Sans préjugé et sans crainte du résultat à venir, Christine Sefolosha se laisse porter par les visions qui s’inscrivent « malgré elle ». Comme l’évoque Gérard Sendrey : « Nous pouvons (seulement) écouter les histoires étranges qu’elle nous raconte. Bien au-delà des mots. » Et nous laisser bercer par ses raffinements mélodiques qui sont aussi subtils que ceux d’un Claude Debussy.