Christophe Boursault "La fuite des egos"
Vernissage le jeudi 26 mai à partir de 18 heures
Où et comment classer, puisqu’il le faut toujours un peu, l’art de Christophe Boursault ?
Pourquoi pas dans le spectacle vivant ? Un spectacle vivant qui aurait la capacité de laisser des traces et même parfois de dégouliner. Nous sommes en direct, dans un véritable état d’urgence, pas pour le symbole, pas pour faire peur mais pour entrer dans l’essentiel, pour éprouver le dur : l’abstraction dans laquelle il déloge sensations et souvenirs.
Pour sa troisième exposition personnelle à la galerie Polad-Hardouin, Christophe Boursault - peintre, dessinateur, performeur, vidéaste, - poursuit dans ses toiles et dessins son grand travail de dézonage. L’abstraction et la figuration, le geste brut et la réflexion, la technique à l’acrylique et celle à la bombe, le dessin et l’écriture se côtoient et s’affrontent dans une quête identitaire permanente.
On y retrouve des vanités comme dans « J’ai changé » ou « Far » sens dessus-dessous qui semblent d’abord se moquer d’elles-mêmes. Rien n’est sérieux, tout est sincère. Il faut bousculer la gravité pour savoir être grave. Le tableau « La fuite des egos » qui donne son titre à l’exposition imprime le rythme : exposons-nous mais sachons nous oublier, nous libérer, de tous, de nous, artistes y compris ! Utopique, exactement. Mais la peinture est là, bien réelle, brute.
Au bout du geste, la couleur et le trait.
Il faut beaucoup de couleur pour rendre l’invisible visible. Alors Christophe Boursault ne peint pas, il dégoupille. Pas forcément avec le sourire, mais avec humour et facétie. Bien sûr, il n’est pas le premier à envoyer comme ça la couleur dans l’espace. Mais à chaque tableau, il part à la conquête. Dans sa grande course, il égrène des mots et des indices, tenter de les suivre ou de les résoudre est la garantie de se perdre. Là réside sans doute son but. L’invitation est lancée mais il n’y pas de destination, juste un chemin parsemé de peintures folles. On l’emprunte, un peu impressionné, un peu terrifié – fasciné.
« J’aime les peintres instinctifs, l’art brut. Il faut apprendre à gérer les hasards et la violence en tentant de ne pas perdre le sens du jeu. Je veux jouer jusqu’aux limites ».
Christophe Boursault vit et travaille à Marseille, une ville comme lui spontanée et où il est régulièrement exposé. Diplômé du DNSEP de la Villa Arson de Nice en 2004, il a participé à des expositions collectives en Europe (Prague, Berlin, Londres, Lausanne, Hambourg...) et aux Etats-Unis (New York). Il est attendu pour une exposition personnelle à Munich dès le 7 avril de cette année jusqu’au 4 juin à la galerie Van De Loo Projekte. Il n’a pas manqué de participer à l’exposition consacrée à l’histoire de la performance sur la Côte d’Azur, A la vie délibérée, à la villa Arson en 2012.
Antoine Rochin