Jacques Grinberg, Michel Macréau, Maryan, Marcel Pouget : retour sur quelques artistes de la Nouvelle Figuration
Après le refus brutal du nouveau maire de Carcassonne cet été d’accueillir la donation qui était en cours de la collection Cérès Franco*, sa fille, Dominique Polad-Hardouin, a choisi de mettre l’accent sur quatre artistes importants de la Nouvelle Figuration, dans sa galerie de la rue Quincampoix à Paris, lors de l’exposition qu’elle leur consacrera du 20 novembre au 24 janvier prochains.
*Pour mémoire, la collection Cérès Franco est constituée de 1 500 œuvres (peintures, sculptures, dessins), d'une valeur de plus de 4 millions d'euros.
Pendant près de 50 ans, Cérès Franco a rassemblé des œuvres de l’art populaire, de l’art naïf brésilien, d’artistes autodidactes (outsider artists) ou encore d’artistes se réclamant du courant de la Nouvelle Figuration.
Marcel Pouget, Maryan, Jacques Grinberg et Michel Macréau : la Galerie Polad-Hardouin invite à redécouvrir ces quatre peintres emblématiques de la Nouvelle Figuration.
Peintures, dessins, gouaches, sérigraphies, les supports utilisés sont aussi multiples que leurs univers graphiques. Pourtant, une vibration commune émane de ces œuvres : l’omniprésence de l’humain, et cette volonté forcenée de traduire ce qu’il a de plus ardent, de plus rayonnant, mais aussi ses méandres les plus sombres et les plus tragiques. Ces artistes ne reculent ni devant le grotesque ni devant la caricature pour exprimer ce monde qui les hante.
Dépassant volontiers le cadre temporel des années soixante, l’exposition débute avec une pièce maîtresse de Marcel Pouget, La Salle de récréation de l’hôpital psychiatrique (1978), et des pastels. Par le recours aux teintes acides et contrastées, les halos lumineux et multicolores, les personnages cernés de blanc, le «psychopeintre» (il se définissait ainsi), incarne par cette vision hallucinée, le psychisme de ses sujets.
L’exposition se poursuit sous la verrière avec des huiles et des gouaches de Jacques Grinberg. Ces portraits symboliques à la géométrie vigoureuse, où domine une palette rouge et noire, comme Le Mangeur de cochon, ou la plus tardive Tasse de café (1996) témoignent d’une persistance de la Nouvelle Figuration jusqu’à l’aube du XXIe siècle.
Michel Macréau, dont l’univers provocateur se déploie à travers un style direct, exubérant et spontané sera présent avec des œuvres graphiques et quelques toiles comme cet hommage facétieux à Mondrian. Personnages, graphisme et écriture s’entrechoquent et imposent un rythme inédit et en avance sur son temps.
Enfin, Maryan occupe l’espace 2, avec une peinture de la fin des années cinquante, des pastels et un ensemble de sérigraphies en noir et blanc. On y retrouve ces figures d’un carnaval mordant, affublées de masques et d’insignes de pouvoir, exorcisant la souffrance, l’humiliation et la mort. Exécutées pendant la période new-yorkaise de l’artiste, elles sont montrées pour la première fois à la galerie.
Les liens qui unissent ce mouvement à la galerie Polad-Hardouin sont multiples et profonds : des œuvres de la Nouvelle Figuration constituent un pan important de la collection de la galeriste Cérès Franco, qui joua un rôle fédérateur au sein de ce mouvement, et plus particulièrement pour ces artistes. C’est donc naturellement que sa fille, Dominique Polad-Hardouin, s’est imprégnée de cette esthétique, et a exposé ceux qui, quelques générations plus tard, ont inscrit leurs pas dans ce chemin.
En 2008, l’exposition collective «Nouvelle Figuration : acte III» organisée à la galerie entendait ajouter un troisième volet à celles de la galerie Mathias Fels (1961 et 1962) et mettre en lumière ce courant qui a perduré, malgré son manque de cohésion et de visibilité, et a infusé la jeune peinture contemporaine.