Perpetuum Mobile
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Pour fêter ses 15 ans, la galerie Polad-Hardouin rassemble dans une exposition anniversaire les œuvres d’une trentaine d’artistes qui ont contribué à faire battre le cœur de la galerie. Non exhaustif, l’ensemble présenté, sélectionné pour la plupart dans les réserves, met la peinture et le dessin à l’honneur et esquisse les contours d’une esthétique propre, façonnée par les choix de Dominique Polad-Hardouin, sa fondatrice et directrice.
Bien sûr, comme dans la vie, le chemin est sinueux et emprunte parfois des détours inattendus. Néanmoins, au gré de la centaine d’expositions organisées et de la participation à de nombreuses foires internationales (Paris, Londres, New York…), un fil rouge se dessine et une histoire se raconte, à la fois picturale et personnelle.
Tout pourrait partir d’un mouvement, celui de la Nouvelle figuration (Maryan, Michel Macréau, Marcel Pouget, Jacques Grinberg…) qui ouvrit au début des années 1960, une troisième voie pour la peinture d’alors. Issus des mouvements expressionnistes et CoBrA, ces peintres ont utilisé la force lyrique de l’abstraction pour dépasser le clivage de la représentation et proposer un univers fantasque à l’humour grinçant.
C’est du côté de ce théâtre poétique et charnel que Dominique Polad-Hardouin est allée à la rencontre d’artistes de la jeune génération dont l’œuvre faisait écho aux préoccupations de ces ainés, tout en posant un regard neuf sur le monde. Avec constance et enthousiasme, elle s’est rendue en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, en Chine et en Syrie entre autres, pour rencontrer ceux pour qui le corps à corps avec la peinture et l’urgence du dessin forment un hymne radieux à la vie, avec ce qu’elle a de jubilatoire et de bouleversant.
À cette filiation esthétique se superpose une histoire familiale dont la rue Quincampoix constitue le nœud. En 1972, Cérès Franco fonde au numéro 58, la galerie L’Œil de Bœuf. Pendant près de 25 ans, elle y défend justement les courants issus de la Nouvelle figuration, et des artistes qualifiés alors de bruts ou singuliers. Nourrie à cette école, sa fille, Dominique Polad-Hardouin, inaugure à son tour en 2001, dans la même rue, la galerie Idées d’artistes qui change de lieu et de nom en 2007 pour prendre sa forme actuelle. Cette double filiation sera mise en évidence dans le parcours de l’exposition.
Tout mouvement, quelle qu’en soit sa nature, est créateur de possibles. Le regard sur l’art évolue en permanence, et profitant du récent engouement pour les « Outsiders » (autodidactes ou non), ces artistes qui avaient longtemps été ignorés des circuits institutionnels, bénéficient d’une attention toute nouvelle. Grâce au travail et au soutien opiniâtre de galeristes, commissaires d’expositions et collectionneurs, ceux qu’Itzhak Goldberg regroupe sous l’appellation « la face cachée de l’art contemporain » connaissent aujourd’hui un regain de visibilité et de reconnaissance.
Les temps changent aussi et le métier de galeriste doit pouvoir s’adapter aux mutations toujours plus rapides de la société et de ses pratiques. C’est pourquoi cette exposition marque aussi le début d’un nouveau mode de fonctionnement pour la galerie. Aspirant à une structure plus souple, plus nomade aussi, et pour aller à la rencontre de nouveaux publics, les expositions hors-les-murs seront privilégiées, les foires internationales comme le commissariat en contexte institutionnel. In situ, les horaires d’ouvertures de la galerie seront allégés à partir de 2017 et concentrés sur la fin de semaine (du jeudi au samedi et sur rendez-vous).
Artistes exposés :
Sabhan Adam / Gérard Alary / Timothy Archer / Lydie Arickx / Anya Belyat-Giunta / Christophe Boursault / Daphné Chevallereau / Ayako David-Kawauchi / Caroline Demangel / Raynald Driez / Daniel Flammer / Elizabeth Garouste / Marcel Hüppauff / Andrew Gilbert / Jacques Grinberg / Michel Macréau / Maryan / Mohror / Orlando Mostyn-Owen / Michel Nedjar / Stani Nitkowski / Marcel Pouget / Emmanuelle Renard / Raphaëlle Ricol / Helmut Rieger / Jean Rustin / Christine Sefolosha / Wu Xiaohai.
Commissariat :
Julie Higonnet