Raphaëlle Ricol "Don't cry for bees"

Du 18 mai au 17 juillet 2010

Les oiseaux volent sans tête, les visages sont composés de soldats miniatures, les enfants sont unijambistes, une souris suicidaire se pend à la patte d’un éléphant, et Saturne, comme au temps de Goya, dévore ses enfants transmutés en gerbe de couleurs... Citant Godard, Raphaëlle Ricol dit : « 24 images/seconde équivalent à 24 vérités/seconde. »
Lorsque l’on voit une toile de Raphaëlle Ricol, on ne peut l’oublier. Beaucoup de force, d’impertinence, de décalage aussi, mais également d’humour, pour parler du monde.

Nourrie de BD, mais aussi férue de peinture, Raphaëlle Ricol construit son écriture avec les techniques d’aujourd’hui : elle peint à l’acrylique, dans une gestuelle rapide, maroufle des tissus pour donner du volume, incorpore des figurines ou des objets, bombe ses propres toiles comme un graffiteur agresserait un mur gris...

Cette confrontation avec la toile, c’est, on l’imagine bien, une manière d’affronter le réel, de lui régler son compte. D’ailleurs, Raphaëlle Ricol sait bien qu’on lui reproche souvent : « C’est fort, c’est dur, comme peinture... » Pour rétorquer : « C’est bien plus dur dehors ! »
La galerie polad-hardouin déploie un ensemble de nouvelles toiles de Raphaëlle Ricol, sous le titre poétique « Don’t cry for bees ».
« Si j’ai choisi ce titre, c’est, dit Raphaëlle Ricol, avec l’idée d’être un peu en décalage par rapport à l’exposition et aux œuvres présentées. Il y a certainement un peu de cynisme dans le titre. Mais pas de mensonge, même si le propos est quelque peu ironique. »
Elle interroge ainsi avec beaucoup de perspicacité et de modestie la pratique artistique : « Le terme création ne convient pas. Tout a été créé. Il vaudrait mieux parler de transformation, de transmutation. »

C’est aussi pour elle une manière de se situer dans le paysage de l’art d’aujourd’hui. Au moment, où quelques-uns prônent la destruction, elle met en garde : « On détruit pour créer, mais il ne faut pas aller trop vite : le problème est de savoir jusqu’où on peut aller, jusqu’où l’on peut outrepasser les limites. »Développant cette écriture si personnelle, sans tabou, Raphaëlle Ricol s’affirme comme l’un des talents forts de cette nouvelle génération de peintres.