Sabhan Adam "Mendiant ou Roi"

Du 24 janvier au 08 mars 2008

Considérant son travail comme un sacerdoce, Sabhan Adam accomplit ce qu’il considère comme une “mission”. On le constate en lisant les trois entretiens qu’il a accordés à Diala Gemayel, l’artiste n’a pas varié, même s’il a radicalisé sa démarche, sans doute pour ne s’autoriser aucun compromis.

Juin 2003 :
“Je peins parce que je suis le fils de ce monde. Me mettre dans un cadre est réducteur. Je ne veux pas être localisé géographiquement. […] Je suis un missionnaire dans ce sens. Je peins pour le monde, et j’y mets mon identité personnelle. Je représente l’humanité, alors que d’autres veulent représenter une patrie. De toute manière, à Beyrouth ou à New York, la solitude humaine est la même.”

Octobre 2004 :
“Au fond de moi, je vis un paradoxe fondamental : je sais tout et je ne sais rien. Quand je travaille, je porte dans mon esprit six milliards d’êtres humains.
Je porte chaque objet, chaque pensée d’une manière beaucoup plus pesante que quiconque. Tout pour moi a une signification et un lien avec l’histoire de l’humanité. […] Je suis le seul artiste à m’intéresser et à dessiner exclusivement l’histoire de l’Homme, avec un grand H.”

Août 2007* :
“Comment expliquer la peinture ? C’est plus que de la toile et de la couleur, comme la musique. Ce que je fais n’est lié à aucune théorie, aucune idéologie. Cela se situe entre la sensation et l’esprit. Ce qui importe, c’est ce que je vois et ce que j’en rends dans mon travail. Et la seule chose qui l’habite, c’est ce que je devine du temps. […] Tout le monde s’interroge sur le pourquoi et jamais sur l’être. Dieu est à l’origine de tout et moi, je Le suis ! J’aime profondément l’être humain, dans ses vies les plus petites.”

Mendiant ou roi ?
Sabhan, l’ermite d’Hassakeh, poursuit sa tâche de peintre philosophe, prêt à perdre sa vie pour gagner la Lumière. Telles l’une des créatures de Platon exilées dans une sombre caverne, ayant trouvé le chemin, il plonge, dans une solitude quasi absolue, comme le dit le grand poète Adonis, “au cœur des régions les plus obscures et les plus sombres de l’âme. Il est contre l’éloquence : l’éloquence de la couleur et la forme. Sa méthode dans la peinture est métaphysique, bien qu’il semble être très lié au réel. Il est l’enfance jouant avec une encre pré-rationnelle. Son atelier est celui de la nuit du corps.”

C’est de cette nuit que jaillit la vérité, celle de Sabhan Adam, un long et essentiel questionnement de l’être.