Sabhan Adam, oeuvres récentes

Du 06 mai au 25 juillet 2014

Après une absence de presque six ans, le peintre et dessinateur syrien Sabhan Adam revient à la galerie Polad-Hardouin pour une cinquième exposition personnelle où seront présentés peintures et dessins. L’ensemble de l’espace de la galerie lui sera consacré. Sans rien perdre de sa férocité ni de son énergie, il a accompli depuis un chemin considérable, multipliant les expositions en Europe mais surtout au Levant, dont il est un des artistes phares. Cette période a aussi été émaillée d’événements qui ont bousculé sa vie personnelle : un accident grave de voiture qui lui a fait prendre encore plus conscience de la fragilité et de la beauté de la vie mais également une union de laquelle est née une petite fille.

“Pour que je puisse peindre, il faut que je sois en colère”, confiait Sabhan Adam il y a quelques années dans un entretien. Cette phrase aujourd’hui résonne avec d’autant plus d’acuité que le peintre, installé en plein coeur de Damas, est le témoin quotidien de la guerre civile qui déchire son pays. Il a fini par s’accoutumer aux bombardements, aux avions planant sur la ville et même aux tirs des mitrailleuses. Il s’en remet désormais à sa destinée et poursuit sa peinture avec persévérance et dans l’urgence. Dans son oeuvre pourtant, point de parti-pris politique mais l’expression bouleversante d’une humanité mise à nu, plongée dans l’incertitude, entre désespoir et étonnement, puissance et affliction.

Sabhan dit aussi : “Ma peinture s’adresse à ceux qui ont traversé des situations difficiles, qui ont eu à faire avec l’injustice”. Elle est la variation d’une scène primordiale, sans cesse recommencée et chaque fois différente : un personnage, seul la plupart du temps, se dresse dans un pose hiératique sur le fond nu de la toile ou du papier. Dans ce cadrage serré, ces êtres hybrides n’ont d’autre échappatoire que de fixer le spectateur tout en lui transmettant le désenchantement de ceux qui reviennent de très loin. En contrepoint de cette scène des variantes ont fait leur apparition, comme cet homme assis au bord d’un lit, une tête dépassant de son épaule, dont la composition n’est pas sans rappeler “l’inquiétante étrangeté” de La Puberté de Munch. On retrouve également cet enfant au visage déjà adulte en équilibre instable dans un trotteur, sur le fil ; sa fille est devenue sa source d’inspiration de prédilection.

Quel que soit le support, Sabhan Adam prépare lui-même ses pigments, une recette composite et secrète qu’il ne souhaite divulguer à personne. Il n’hésite pas à faire intervenir d’autres matériaux comme le bitume ou à inclure des bijoux. L’écheveau de fils sombres des visages et des corps de ces créatures contraste avec l’éclat et l’opulence de leurs vêtements. Ce luxe oriental, mêlé à la rudesse des traits, ne manque pas de désarçonner. Par le malaise induit, il provoque un questionnement. Troublantes et sans compromis aucun, les oeuvres de Sabhan Adam s’adressent à la part d’ombre présente en chacun de nous.

Sabhan Adam naît à Hassakeh en Syrie en 1972. C’est dans ce village situé à quelques kilomètres de la frontière irakienne qu’il commence à peindre en autodidacte à l’âge de 17 ans. Parallèlement, il s’intéresse à la philosophie, à la poésie et à la sociologie. En 1999, il réside à la Cité Internationale des Arts de Paris. Depuis, il n’a cessé d’exposer régulièrement en France. Il rejoint en 2003 la galerie Polad-Hardouin (alors galerie idées d’artistes), qui lui organise plusieurs expositions monographiques dans et hors les murs et le soutient pour l'édition de sa première monographie (Editions Fragments). Il s’agit de sa cinquième exposition personnelle à la galerie. Il vit aujourd’hui à Damas, en Syrie. Son oeuvre est exposée dans tout le Proche-Orient, en Europe et aux Etats-Unis.

 

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