Mao To Laï

Born in Vietnam in 1941, died in September 2001.

Little is known about Mao.
Bomb blast makes him deaf at an early age. In an effort to break free off his isolation, he learns the techniques of drawing with Indian ink with a master of parasol drawing. He arrives in France at the age of 18.
He finds his pitch in his encounters with other painters, Jacques Grinberg, Fernand Teyssier, Quilici…
He becomes ferocious and very committed, not hesitating to satirise political events that haunt him (the Burgos trial) or personal situations he can’t stand (marriage).

The poet André Laude wrote the following as a preface to his 1976 show at the Galerie de l’Œil de Bœuf:

« […] With Mao, Indian ink has colours of mute and accusatory blood. A people of terribly human monsters display their equivocal sado-masochistic and erotic-cruel poses. One plunges into the depths, the abysses of being […] »

Mao Tolaï par Jacques Grinberg

Dans le brouillard lourd qui entoure chaque éclat de verre jeté par la mer et travaillé par ses vagues, on retrouve l’essence de la tristesse de la non-différenciation des sons entourée par la vision des éclats de verre coloré entourés par le travail de fluctuation de l’essence de la nature de Mao Toläi.

Cette fluidité est l’essence de l’eau mélangée à l’encre qui donne une vision ronde et morbide. Les épaules des personnages peints par Mao sont corrodées par les rouleaux du temps. Elles sont rondes, travaillées par la vague de la sensibilité humaine de Mao ; elles sont sensibles et non abstraites : il n’y a pas de graisse dessus.

Cet éloignement mélancolique, je crois, moi Jacques, est devenu un éloignement par rapport à la sensibilité de son peuple d’Extrême-Orient, et c’est la réponse de la tristesse que l’on retrouve dans ses visions par rapport aux différentes sensibilités extrêmes orientales, japonaises ou chinoises.

Il y a un engouement de la forme parfaite du Tao et du Zen, deux entités tout à fait différentes, qu’il marie à la sauce occidentale. Sa croyance de faire un nouvel art extrême oriental n’est peut-être pas erroné par rapport au mouvement matériel, social et de progrès qui s’est installé dans ce pays ; ce qui ne veut pas dire que cet art ne touche pas l’extrémité de la sensibilité visionnaire d’un peintre, qui a appris, mais qui est tout à fait authentique comme une volière dans le ciel.

Mao est un peintre professionnel qui ne peut pas se permettre le défaut d’un naïf ou l’excentricité d’un brut. Cette pellicule fine de matière grise sur le papier est une vision – je n’en suis pas sûr – d’yeux en larmes.

Mao est révolté comme un tubercule de mandragore avec l’émerveillement des feuilles qui poussent. Il est émerveillé, mais il faut peindre bien, et ça s’arrête, et on est malade. La musique n’est pas là, le monde du silence ; la moindre sensation visuelle coupée devient une torture, alors s’installe le signe et ce peut être parfait et on fait 1, 2, 3…les larmes sont toujours là ; les larmes, pellicules grises et transparentes se dessinent et se voient pétries par le temps et Il apparaît.

La fuite en avant de Mao par l’impossibilité de s’exprimer autrement que par la bande dessinée s’est arrêtée net en voyant la possibilité de sertir la lumière, comme des vitraux de matière plastique travaillée par un fou. Rien ne laisse la possibilité de vide ; tout est rempli par besoin d’affection.

Le souvenir de la lumière de Georges de la Tour, qui lui a apporté un petit pécule, s’est transformé en une lumière intérieure. Il voulait paraître et sa peinture est tout à fait le contraire ; un dandy ne pourrait jamais s’habiller comme la peinture de Mao. Le blanc éclatant est une rareté et les vieilles photos de famille jaunies par le temps ne sont pas son souvenir.

Il est seul Mao, mais il remplit l’espace ; comme un dragon asphyxié par les pesticides ; il exulte ; et de ses yeux sort l’exactitude de la création embryonnaire d’un monde dans lequel le langage de la vision devient aussi important que celui de l’entendement.

Jacques Grinberg - 1998